La Rétro de Novembre par Manjimaru
Pour cette rétro du mois, j’avais envie de revenir sur une histoire d’amour, non pas celle que l’on peut lire dans les romans à l’eau rose entre Marilyn et John par exemple ; je ne vais pas non plus vous raconter mon histoire avec Mme Manji, cette dernière étant particulièrement fan de la Super Nintendo, je me suis dit : « assez parler de cette console » vu qu’une grosse majorité de la Caz est déjà acquise à la firme du plombier, non aujourd’hui je vais vous parler d’une histoire d’amour née il y a pas loin de 18 ans, j’avais alors 15 ans. Comme dans toute love story, l’homme que je suis, ne sera peut être plus tout à fait précis sur les dates, veuillez donc excuser les éventuels anachronismes que vous pourriez relever.
Tout débute le jour de Noël 1995, elle était là sous le sapin, éclairée par les traditionnelles guirlandes, je l’attendais depuis déjà presque six mois. J’en avais passé du temps chez les Gameswave et autres magasins de la métropole Lilloise à voir tourner ses jeux et démos exceptionnels ! C’était l’époque des 32 bits et mon dévolu s’était porté sur la Sega Saturn, une console qui allait me faire vibrer pendant de nombreuses années (et qui continue toujours à le faire !). Ce ne fut pas simple tous les jours quand on est au lycée, d’avouer que l’on est fan de la Saturn, c’est un peu comme admettre les sentiments que vous éprouvez pour cette fille de votre classe un peu banale, car elle a un petit quelque chose que les autres n’ont pas, « ce tout petit supplément d’âme, cet indéfinissable charme, cette petite flamme » comme l’aurait si bien dit France Gall, je ressentais la même chose avec ma console de jeux. À l’époque, tout le monde ne jurait que par la Playstation et ses jeux en 3D (Ridge Racer, Destruction Derby, Wipe Out, Tekken), de mon côté je me satisfaisais de mes bombes Sega issues du monde de Sega (arcade et autre) ainsi que des chefs d’œuvre 2D qui sont sortis à foison sur la Saturn.
Ma toute première expérience en ce jour de Noël 1995 s’est faite sur Virtua Fighter, le monstre de Yu Suzuki, un gameplay génialissime, une animation à tomber par terre mais des graphismes très cubiques ne poussant pas les limites de la 3D de ma 32 bits chérie. C’est sûr, à côté de ça, Tekken avait le vent en poupe mais quand on est un ancien joueur comme moi, qui a débuté sur Tandy TRS 80, on sait bien que ce ne sont pas les graphismes qui font l’essence même d’un jeu vidéo. Enfin, je disposais d’une réplique quasi parfaite d’un jeu d’arcade à la maison, le bonheur… S’en sont suivies des semaines de VS Fighting entre potes, un peu comme ce fut le cas, en son temps, avec le Street Fighter II de la Super Nintendo, jusqu’à… mon anniversaire de février 1996, où là j’ai réellement compris que le jeu vidéo se passera désormais en grande partie sur les consoles Sega et pas ailleurs.
Sega Rally, le voilà ce titre qui a bouleversé mon expérience vidéoludique, un jeu qui devrait justifier à chaque retrogamer l’achat d’une Saturn à lui tout seul ; d’ailleurs, j’ai longtemps nourri de pièces de 5 et 10 francs la borne « Twin » Sega Rally du cinéma UGC de la rue de Béthune à Lille, jusqu’à ce mois de février 1996 où j’ai enfin pu avoir le Saint Graal sur la cathodique 55cm du salon. Une pureté de gameplay, une réalisation made in Sega (de l’époque), une durée de vie énorme malgré ses quelques malheureux circuits et véhicules, des heures de bonheur en écran splitté. Bref, un gros pavé sur lequel on aurait pu apercevoir : Sega c’est plus fort que toi. Mon seul regret est de n’avoir jamais pu connecter ma console à une autre machine en vue de retrouver les sensations du combat acharné entre la Lancia Delta et la Toyota Celica avec un pote. Je pourrais également vous parler longuement des autres titres qui m’ont enchanté comme Die Hard Arcade, Street Fighter Alpha, Virtua Cop ou autre Daytona USA mais là n’est pas le lieu pour vous détailler tout cela.
Comme dans de nombreuses histoires d’amour, vient le temps où l’on se lasse, ensuite celui où l’on passe à autre chose où la séparation est tout proche, puis on se rabiboche, la flamme rejaillit malgré les tromperies commises d’un côté comme de l’autre. Je n’ai pas honte de le dire, Sega m’a – même nous a – trompé une première fois en arrêtant brutalement la production de Saturn en Europe (la deuxième fois c’est en 2001 avec la Dreamcast !), mais cela ne m’a pas empêché de continuer pendant encore quelques années, à assouvir ma soif de jeux Saturn en me tournant vers l’import, investissements notamment financés grâce à mes premières payes acquises en remplissant les rayons de supermarchés l’été. C’est ce que j’appelle ma deuxième période de vie de la console, là où j’ai découvert des titres tous plus impressionnants les uns que les autres, d’une ludothèque composée de styles très différents : shoot’em’ups (Radiant Silvergun, Metal Black, Thunderforce V), beat’em’all (Tenchi wo Kurau II, Crows), beat’em’up (Street Fighter Zero 3, Marvel vs Street Fighter, Astra Superstars), RPG (Shining Force, Dragon Force 2), Aventure RPG (Magic Knight Rayearth), Survival (Resident Evil, Deep Fear), stratégie, puzzles (Puzzle Bobble 3, Magical Drop, Gals Panic SS)… et même, comme pour chaque console nippone en fin de vie, des jeux de drague.
Vous l’aurez compris, cette histoire d’amour m’a fait devenir un fan-boy inconditionnel de cette machine mal-aimée qui n’a pas eu la chance de s’exprimer auprès du grand public, à cause essentiellement d’un manque d’agressivité des gens du marketing de la firme au hérisson bleu, un gâchis quand on voit ce qu’elle était capable de nous afficher et du plaisir que cette machine pouvait et peut encore nous offrir. 18 ans, c’est l’âge de la majorité, 18 ans qu’elle est dans mon cœur, la seule chose que j’ose espérer maintenant est qu’un hommage lui soit rendu en juillet 2015, par tous les acteurs du retrogaming actuel pour célébrer enfin comme il se doit cette jolie demoiselle devenue au fil du temps grande dame dans l’univers du jeu vidéo.
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Manjimaru22
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