LA RETRO DE JUIN D’ANFALMYR
Je déteste la série SXX. Mais en même temps j’y ai presque jamais joué. Mais bon sang que je déteste la série SXX. Et cette haine, je la dois à Gran Turismo 3, vraiment. Vous ne comprenez rien à cette intro? C’est normal, laissez moi vous raconter une petite histoire. Retournons au début de l’été de l’an 2001.
Juillet 2001, il fait beau par chez moi. J’ai fini mon année de 5ème et je profite du soleil breton – si si je vous jure – avec mes potes. Oui, je suis en pleine adolescence et je peux dorénavant aller à la plage à vélo avec mes copains. Un jour, je me rends avec mon père et mon frère au magasin de jeux vidéo du coin pour acheter Crazy Taxi 2 sur Dreamcast. Jeu d’arcade idéal pour l’été, même si au final je n’ai que très peu goûté cette suite. Mais le sujet n’est pas Crazy Taxi. Sur la vitrine du magasin était placardée une affiche annonçant un « tournoi de jeux vidéo » se tenant au milieu du mois de juillet dans le Planétarium du coin. Intrigué, j’interrogeai le gérant qui m’expliqua qu’ils organisaient un tournoi dans ce fameux planétarium, que la finale se tiendrait sous la coupole avec le jeu projeté sur l’écran hémisphérique du dôme (déjà, c’est la classe), et que le gagnant du tournoi repartirait avec une fucking Playstation 2!
Pour vous remettre dans le contexte, à cette époque chez moi on est sur la Dreamcast, c’est super, on s’amuse, mais depuis la fin de l’année 2000, je crève d’envie d’avoir une Playstation 2. J’ai pu me persuader pendant quelques semaines que c’était pas intéressant, que sur Dreamcast les jeux étaient plus beaux et plus cool trop top, mais ça n’y changeait rien : JE VOULAIS UNE PS2 ! Mais la bestiole était hors de prix, en tout cas pas un prix que mon père aurait avancé sans broncher, lui qui nous avait déjà offert la Dreamcast que nous ne pensions pas abandonner aussi tôt. Je me souviens assez bien de cette époque, car après la courte vie de la Sega Saturn, mon père commençait un peu à en avoir marre de nous offrir des consoles qui ne duraient pas. Fort de sa subtilité légendaire, il avait dû dire un truc du genre « celle-là c’est la dernière après vous vous démerdez ». C’est peut-être aussi pour ça qu’il s’est motivé à prendre ce superbe Pentium4 2.4Ghz à Noël 2002; il devait être fatigué du cycle aléatoire des consoles de salon pour lesquelles il claquait un fric monstre.
PifPafPoom nous revoilà dans ce magasin de jeux vidéo. Je suis pendu aux lèvres du gérant qui est en train de me dire que je peux gagner une Playstation 2 juste en jouant. Le rêve. Il n’a pas voulu me dire sur quels jeux la compétition allait se jouer; seulement que la finale se jouerait sur une grosse nouveauté. Teasing quand tu nous tiens. Le matin du tournoi, mon père accepta de m’emmener au planétarium pour que je tente ma chance. Le temps que je m’inscrive, on explique à mes parents que la première phase de poule commencera dans une bonne grosse demi-heure, et que la seconde phase aura lieu plus tard dans l’après-midi, pour une finale en début de soirée. Mes parents m’ont donc laissé là, tout seul. J’étais là, face à mon destin. Dans les allées entourant le dôme avaient été dressées plusieurs grandes tables afin d’accueillir nombre d’écrans cathodiques, et pas moins d’une dizaine de Playstation 2. Le fioutwuure vous dis-je. La plupart des gosses et des ados (que des mecs) s’agglutinent devant les postes pour jouer à un jeu de bagnole qui ne me parle pas du tout. En écoutant j’apprends qu’il s’agit de Ridge Racer 5. Comme je suis du genre timide, je n’ai pas l’impolitesse de demander à prendre le pad; je me contente de regarder. Je me sens déjà content de voir un jeu PS2 tourner en fait. Puis, au fond d’une allée, derrière un rideau noir, une dreamcast branchée à un volant et un grand écran. Le jeu? F355 Challenge. Personne dans la petite pièce sombre, alors j’en profite, je me pose devant le volant et je m’éclate tout seul comme un dingue.
Quelques minutes passent, puis un des organisateurs réclame le silence et l’attention de la foule, je sors donc de ma tanière pour écouter ce qu’il se passe. La première phase de qualification va commencer, et ça se fera en duel sur une course de Ridge Racer 5! À ce moment-là, je suis dégoûté. Tout le monde s’est entraîné sur le jeu depuis que je suis arrivé, et moi j’ai même pas posé une paluche sur un pad ps2 encore ! Me voilà bien mal parti. Les règles sont simples: une seule course, tout le monde prend la même voiture avec les mêmes réglages. Chaque participant se retrouve dans une poule à quatre, à la fin des matchs de poule, les deux premiers sont qualifiés pour les quarts de finale, puis pour la demi-finale qui désignera le joueur du matin qui sera qualifié pour la grande finale du soir contre le gagnant de la session de l’après-midi. C’est clair pour tout le monde?
Premier duel, je tombe contre un inconnu un peu plus vieux que moi. La course est en trois tours. Je passe le premier tour à découvrir le circuit, le deuxième à rattraper mon retard, et le troisième à terminer juste derrière mon adversaire. Défaite. Okay c’est mort je vais me faire exploser. Les courses se terminent tout autour de moi, les réactions sont diverses et variées. Certains joueurs en font des caisses dans la victoire comme si Zidane venait de foutre une reprise en pleine louf en finale de la Champion’s League, certains sont venus accompagnés d’un fanclub qui s’excite derrière eux. Moi je me contente de ruminer ma défaite dans ma tête. Sans transition on attaque le deuxième match des poules. Cette fois-ci je tombe contre un jeune adulte, genre plus vieux que mon grand frère. Je commence à prendre mes marques, mon adversaire me met une bonne distance, mais je ne me foire pas trop ce qui me permet de rester dans la course. Vient le dernier tour, je suis vraiment en train de lui renifler le pot d’échappement. Le mec d’à côté sait que je suis derrière, prêt à passer devant, alors il tente un truc complètement con : me balancer contre le mur. Son timing lamentable le fait partir bien avant que j’arrive à sa hauteur, il se tape brutalement le mur du freeway quelques secondes avant le dernier virage, me laissant le champ libre sur la dernière ligne droite pour terminer premier. Victoire. Le mec à côté est dégoûté, il a voulu me la faire à l’envers, il s’est fait avoir. Tant mieux pour moi, je peux encore me qualifier. Plus qu’une seule course pour savoir. Dans ma poule, un candidat est seul en tête avec deux victoires, je suis à égalité avec un autre avec une victoire, et le mauvais joueur fait lanterne rouge tout seul avec les sales têtes. Dernière course, contre le joueur qui dispute avec moi la deuxième place du groupe, un peu comme une petite finale ! Je commence le premier tour à fond les ballons, je suis en tête. Au milieu du second tour, alors que je ne fais aucune erreur, mon adversaire me dépasse. AVEC LA MÊME BAGNOLE ! Mais comment fait-il?? Alors qu’on entame le dernier tour, je suis éliminé de la compétition. Je ne dois faire aucune erreur et je dois prier pour que mon adversaire en fasse au moins une. Mais il n’en fait pas. Sauf que, malgré ça, je gratte du terrain sur lui. WTF! Pas le temps de me poser la question, d’autant que mon adversaire se rend compte lui aussi du problème et ne sait pas comment arrêter mon inexplicable avantage. Dernier virage, je le prends à la corde, puis dernière ligne droite. Je passe devant et mets quelques mètres à mon adversaire qui ne peut rien faire d’autre que me regarder franchir la ligne d’arrivée avant lui. Victoire. OUI! Je suis qualifié pour les quarts de finale ! Bordel mais quel pied ! Je sers la main de mon adversaire que son père console juste après. Et là je me rends compte que je ne peux pas célébrer ma victoire avec ma famille. Mais c’est pas grave, si ça se trouve je vais me faire laver en quart et ça reviendra au même.
Première pause histoire que les organisateurs planifient les phases à élimination directe. Après un petit pipi à me motiver mentalement en me disant que je peux le faire, que c’est mon jour, que c’est écrit, je vais voir les orga pour leur demander comment ça se fait que le deuxième joueur va plus vite que le premier alors qu’on est sensé avoir la même voiture. Ils m’expliquent qu’il y a un mode d’activé qui permet au poursuivant d’avoir un avantage de vitesse sur le premier de la course. Pas un système d’aspiration, non, juste un bonus de vitesse au deuxième. Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Je tâcherai de rester bon deuxième jusqu’au dernier tour du coup.
Arrive le début des quarts de finale. Tiens? Face à moi, un pote du foot. On se sert la main, on se chambre un petit peu, mais au fond on va arrêter d’être potes pendant quelques minutes. Premier tour, je fais ce que je peux pour rester juste derrière mon adversaire et je ne cherche pas à le doubler. Je commence à connaître la course par cœur du coup je me sens bien plus à l’aise. Mon adversaire ne se doute pas que je fais exprès de rester derrière lui, il fait ce qu’il peut pour me garder à bonne distance. Deuxième tour. Ma deuxième position commence à être suspecte, d’autant qu’à chaque ligne droite j’évite de tenter le moindre dépassement. Il sent que je prépare l’offensive pour le dernier tour. Troisième tour, je passe à l’attaque et je prie pour que ma stratégie porte ses fruits parce que sinon je vais m’en mordre les doigts. Mon pote essaye de me bloquer à chaque fois que je tente un dépassement, il arrive à me garder en respect, et puis : le dernier virage. C’est là que tout se joue à chaque fois. Mon adversaire ne parvient pas à la fois à prendre le virage comme il faut et à me bloquer le passage, du coup il freine beaucoup plus qu’il ne devrait et dévie sur la gauche de la route, me laissant la place sur la droite pour prendre le virage serré et partir en flèche. La dernière ligne droite n’étant pas assez longue pour que l’avantage du poursuivant ait un réel impact, je franchis la ligne d’arrivée en me retenant de hurler ma joie. Victoire!
À ce moment-là mon frère arrive dans la salle, il comptait s’inscrire pour les qualifications de l’après-midi. Il me demande comment ça se passe, je lui dis que je suis qualifié pour la « petite finale du matin »; il a l’air à la fois surpris et un peu fier. Pas trop le temps de se changer les idées que c’est déjà l’heure de la demi-finale, le ticket pour la finale du soir dans le dôme. Et qui est mon adversaire? Le mec qui m’a battu à mon premier match! Cette fois-ci j’ai mon frangin derrière moi pour me soutenir lors de cette grosse revanche. Ma stratégie est simple : refaire la même chose que pour le quart de finale. Quelques participants éliminés sont restés pour assister au duel. Premier tour. Je commence doucement, sans chercher à drifter comme un dingue. Mon adversaire passe logiquement devant moi, mais lui aussi reste assez calme dans sa conduite. C’est le premier tour le plus lent depuis le début du tournoi. Il est évident qu’il cherche lui aussi à ne pas se faire avoir par le bonus de vitesse. Deuxième tour. Le stress monte d’un cran supplémentaire. Mon adversaire commence à ralentir intentionnellement dans les virages, et je finis par passer devant sans vraiment le vouloir. Je prends l’avantage un peu trop tôt et je ne sais pas si je dois trouver un moyen de repasser derrière ou si je dois jouer à fond pour rester premier jusqu’à la fin. Dans ma tête à ce moment-là, c’est un bordel sans nom. Dans la confusion, je décide de rester en tête et de tout faire pour rester en place. Une petite voix dans ma tête me dit que je vais me faire avoir comme mon pote en quart de finale. Et encore, sous la pression je ne suis pas à l’abri d’une erreur de trajectoire et d’un choc contre le mur qui mettrait fin à mon rêve d’accéder à la finale. Dernier tour. Je suis toujours en tête, mon adversaire commence à bomber pour prendre l’avantage avant le dernier virage. Exactement ce que je faisais. J’étais mort. Le dernier virage arrive, et je suis toujours légèrement en tête, mes mains sont liquides tellement je stress à le voir si proche de moi sur l’écran splitté. Je ne peux rien faire d’autre que prendre le virage à la corde, et tenter tout ce que je peux pour l’empêcher de me dépasser sur la dernière ligne droite du freeway. Je connais la course sur le bout des doigts et ce virage encore plus, le prendre avec la vitesse maximale ne sera pas un problème; mais après ça… je n’avais aucune idée de la stratégie à adopter pour empêcher le poursuivant de passer devant moi. Je prend donc l’ultime virage aussi serré qu’il puisse être pris, et là, le miracle. Mon adversaire prend exactement la même trajectoire, mais comme il a un boost de vitesse en raison de sa position, il va plus vite que moi mais sur la même courbe, et ce qui devait ne jamais arriver, arriva : il me rentre dedans. Nos voitures s’entrechoquent, ma bagnole est secouée mais j’arrive à conserver ma trajectoire tant bien que mal, et le bolide de mon adversaire perd presque toute sa vitesse. Alors que je redresse le nez de la voiture pour prendre la dernière ligne droite, je vois sur le bas de l’écran l’autre voiture se faire distancer. Mon adversaire relâche même une main sur la manette et se content d’appuyer sur l’accélérateur pour terminer la course, mais c’est fait : JE SUIS EN FINALE.
Mon frère me secoue les épaules et me félicite en me donnant rendez-vous contre lui en finale. Malheureusement pour lui il n’aura pas autant de chance que moi et se fera griller la priorité par un gosse en élimination directe à cause de ce mode « avantage ». De mon côté, c’est le plaisir. Je suis à une marche d’une playstation2 gratos. Mes parents débarquent, découvrent que la journée va s’éterniser autour de ce planétarium. Je rentre chez moi pour manger tandis que mon frère reste pour participer à la phase de qualification de l’après-midi. Quand je reviens, je vais voir les organisateurs pour savoir à quelle heure la finale va avoir lieu et sur quel jeu. Là, il m’explique qu’à la base, la finale aurait dû se faire sur Grand Turismo 3, mais que Sony a retardé le jeu qui ne sortira donc pas à temps pour être joué pendant le tournoi. Faute de mieux, la finale se fera sur un jeu de snowboard : SSX. Jamais entendu parler, mais bon, j’aime bien Steep Slope Slider sur Sega Saturn, ça doit pas être bien différent… Là, un mec d’une vingtaine d’année vient voir les orga et pose les mêmes questions que moi. Quand on lui parle de SSX, il sourit, et s’en va.
Vient le moment de la finale, on entre dans le dôme. Une télé régionale est là pour filmer l’événement. On me file un t-shirt du planétarium pour faire la pub de l’endroit quand je serai filmé. Avant de lancer les hostilités, on nous projette une démo ps2 sur l’écran hémisphérique : Star Wars Starfighters. Encore aujourd’hui je me souviens de la mollesse abyssale du jeu et de ses temps de chargement honteux. Le truc ne donnait absolument pas envie. Puis on éteint les lumières et on lance SSX. On nous demande si on a déjà joué au jeu, je réponds « non », tout comme mon adversaire qui n’est autre que le gars de tout à l’heure qui avait demandé sur quel jeu se jouerait la finale. On nous explique que la finale se passera en deux courses gagnantes. Pendant qu’ils préparent le bousin, je demande tout bêtement à l’orga « c’est quoi les boutons? » et le gars me réponds texto « c’est croix pour sauter ». Ceux qui ont déjà joué à SSX doivent déjà se marrer face à cette réponse de branleur. La première course va commencer, c’est la première fois de ma vie que je joue à ce jeu et j’y joue sur un écran géant entouré de plein de gens cachés dans l’obscurité. On se lance ! Je suis à côté de mon adversaire dans la première ligne droite. À la première bosse, je me dis qu’il vaut peut être mieux sauter, alors j’appuie sur croix. J’appuie.une.fois.sur.croix. Car ce que ne m’avait pas expliqué ce crétin d’orga, c’est que pour sauter dans SSX, il faut maintenir croix appuyé pour PRÉPARER SON SAUT, et relâcher pour sauter. Du coup, qu’est ce qu’il s’est passé? Bah mon personnage a fait un petit bond à mi-chemin entre l’avc et et le plongeon de GTAV et j’ai terminé la tête la première dans la poudreuse. Pendant ce temps là, sur le côté gauche de l’écran splitté, qu’est-ce que faisait mon adversaire qui n’avait lui non plus jamais joué au jeu? Il tapait des records de tricks en faisant des sauts de l’impossible. Il prenait les raccourcis en pétant des murs de glace, alternait les boutons de tricks en même temps qu’il virevoltait dans tous les sens en faisant exploser sa jauge de boost. Mon premier réflexe a été de sourire. J’avais perdu. Cette finale n’allait pas se jouer au coude à coude, ni à armes égales, elle était perdue d’avance. Mon adversaire passa la ligne d’arrivée une dizaine de secondes avant moi. Au micro, l’organisateur était ultra gêné et lança un petit « Victoire de machin qui visiblement a un peu exagéré quand il a dit qu’il n’avait jamais joué au jeu… » NO SHIT. Plus qu’une course avant de mettre fin au supplice. Mais, dans la salle, ça bruisse. J’ai treize ans, lui en a plus de vingt, et il me l’a fait à l’envers. D’un coup, tout le public est derrière moi. Je ne les vois pas, mais je les entends. « Allez Lolo! » gueule mon frère, suivi de quelques applaudissements d’encouragement. Wow, on est en plein film Disney! Peut-être que la force de l’amitié va m’aider à dépasser l’adversité et à donner une bonne leçon à ce sale tricheur ! C’est faux, je me suis fait laver tout pareil sur la deuxième course. Après quelques Bouuh de circonstance, l’organisateur déclare mon adversaire grand vainqueur du tournoi. On me file un lot de consolation avec un porte-clé et une serviette de plage Clio. Je descends de la scène, les gens sont gentils avec moi. Je retrouve mon frère, dégoûté de ce qui venait de se passer.
On sort retrouver la lumière du jour, je rumine dans mon coin la mascarade de cette finale. Même si j’étais tombé contre un joueur qui ne connaissait pas le jeu, les explications foireuses des contrôles étaient déjà un handicap en soit. Et là, le coup de grâce. Mon adversaire sort de la salle avec la boite de la Playstation 2 sous le bras. Son pote, euphorique, lui demande « merde mais qu’est ce que tu vas faire d’une deuxième ps2?? » et il lui répond « j’sais pas, j’vais ptet la revendre ou la filer à ma sœur« . C’était trop pour moi. Trop d’injustice. Cette année-là, avoir une ps2 était mon rêve de gamin. Mon père et mon frère n’avait pas autant d’affect avec la marque Playstation que moi. La PS1 c’était MA console, ma toute première console de salon à moi rien qu’à moi. J’avais été à deux doigts de la gagner, et on avait presque mis en scène ma désillusion. C’était atroce.
Quelque part dans un coin de ma tête, j’imaginais mon père, fier comme tout de voir son petit aller aussi loin dans une compétition gaming contre des plus grands que lui; et qui face à l’injustice de sa défaite, aurait décidé de m’offrir la console au noël prochain. Mais c’est mon frère qui finalement craqua le premier et acheta la console en septembre de la même année avec ses sous. Superbe monolithe noir sur lequel jamais, au grand jamais, on ne joua au premier SSX… Malgré la déception profonde qui fut la mienne à cette époque, je garde aujourd’hui un souvenir assez agréable de cette journée. Souvenir d’une époque pré-internet où il était compliqué pour un gosse de mon âge de confronter son skill à celui de joueurs autres que sa propre famille ou ses amis. Et j’ai encore aujourd’hui ce fameux t-shirt noir du planétarium qui me sert de pyjama – un brin serré – et qui me rappelle une époque qui ne cesse de s’éloigner et qui m’est toujours aussi chère.